Régime totalitaire : régime politique dans lequel l’Etat contrôle l’ensemble des activités de la population grâce à la propagande, à une police politique, à l’encadrement de la jeunesse et à la mise en place de sanctions lourdes pour les opposants. Ce régime s’accompagne également du culte de la personnalité du chef.
Un outil des régimes totalitaires: la propagande
Ci-dessous une photo de Staline (au centre), entouré de Vorochilov ( chef de l'armée rouge, avec la casquette à gauche), Molotov ( chef du gouvernement, avec le chapeau à gauche) et Iejov (chef du NKVD, à droite), trois des principaux dirigeants de l'URSS, en avril 1937. La première photo est l'originale, la deuxième est retouchée par la suite à la demande de Staline pour supprimer le souvenir de Iejov, principal artisan des purges de 1937 mais tombé en disgrâce depuis.
La même chose est arrivé à Trotski et Kamenev sur une photo plus ancienne (1920) où ils se trouvent près de Lénine (et où Staline n'est pas) comme vous pouvez le voir en cliquant ici.
Le culte du chef: affiches de propagande mettant Staline en scène
Staline dresse le bilan du premier plan quinquennal, le 7 janvier 1933, devant le Comité central du Parti communiste de l’URSS. « La tâche du plan quinquennal en matière d’agriculture consistait à transformer l’U.R.S.S. de pays de petits paysans et arriéré qu’elle était, en un pays de grande agriculture organisée sur la base du travail collectif, et donnant le maximum de produits pour le marché. Qu’est-ce que le Parti a obtenu en réalisant le programme du plan quinquennal en quatre ans, dans le domaine de l’agriculture ? A-t-il rempli ce programme ou a-t-il échoué ? (…) Le Parti a obtenu qu’au lieu des 500 à 600 millions de pouds [unité de masse usitée en Russie, équivalant à 16,38 kg] de blé marchand, qui étaient stockés au temps où prédominait l’économie paysanne individuelle, il a aujourd’hui la possibilité de stocker 1200 à 1400 millions de pouds de grain par an. Le Parti a obtenu que les koulaks ont été défait en tant que classe, bien que leur défaite soit encore incomplètement achevée ; la paysannerie laborieuse a été libérée de l’asservissement aux koulaks et de leur exploitation, et une base économique solide a été assurée au pouvoir des Soviets de la campagne, la base de l’économie collective. Le Parti a obtenu que l’URSS de pays de petits paysans est transformée d’ores et déjà en pays de la plus grande agriculture du monde ». Extrait de Staline (Joseph), Doctrine de l’URSS, Paris, Flammarion, 1938, p. 183 et 195 (source Internet)
La propagande nazie
" Toute propagande doit être populaire, elle doit ajuster son niveau intellectuel en fonction de la capacité d'absorption des plus bornée de ceux qu'elle veut toucher. Aussi, plus grande sera la masse des gens à atteindre, plus bas devra être son niveau intellectuel. (...) Il est erroné de vouloir donner à la propagande la portée d'un enseignement scientifique par exemple. Les masses ont une capacité d'absorption très limitée, elles comprennent peu et oublient beaucoup. Une propagande efficace devra se limiter à un très petit nombre de points et les exploiter sous forme de slogans jusqu'à ce que tout le monde, jusqu'au dernier, réussisse à voir derrière le mot ce que l'on veut lui faire comprendre. Hitler, “Mein Kampf” (cité dans de D'Almeida F., "Images et propagande", Casterman, 1995)
“Les jeunes servent le Führer. Tous les adolescents dans les jeunesses hitlériennes”/ source https://www.dhm.de/lemo/bestand/objekt/propagandaplakat-jugend-dient-dem-fuehrer-um-1939.html
Ein Volk, ein Reich, ein Führer ! (« Un peuple, un empire, un chef »). Affiche de propagande nazie peinte par Heinrich Knirr 1935-36. Source/ Wikipedia
Des propagandes concurrentes: l'exposition universelle de Paris en 1937
Les pavillons soviétiques et allemands face à face à l'exposition universelle de Paris 1937 vue depuis le Trocadéro. Au centre, la tour Eiffel. / source: wikimedia commons
Pavillon allemand à l'exposition universelle de Paris 1937 / source: wikimedia commons
"Famille allemande", statue de Joseph Thorak au bas du pavillon allemande de l'exposition universelle de Paris 1937/ source: wikimedia commons
Bâtiment soviétique à l'exposition universelle de Paris 1937 / source: wikimedia commons
"L'ouvrier et la Kolkhozienne", statue de Vera Moukhina en haut du bâtiment soviétique / source: wikimedia commons
UN OUTIL DU TOTALITARISME: LA TERREUR ET LA REPRESSION
« Maman a gardé son calme. Elle nous a passé nos habits les plus chauds. Nous étions quatre : maman ; Alexei, qui avait quinze ans ; Tolia, qui en avait dix, et moi, huit (…). Maman m’a enveloppée dans un châle de laine, mais Kolia Kouzmine, le président du Kolkhoze, venu superviser notre expulsion, a ordonné de le retirer, expliquant que le fichu avait été confisqué lui aussi. On a pris la porte. (…) Je vois encore le mur gris des gens qui nous ont regardés marcher vers la charrette. (…) Personne ne nous a embrassés ni ne nous a dit un mot d’adieu ; ils avaient peur des soldats, qui nous ont accompagnés jusqu’à la charrette. Il était interdit de témoigner de la sympathie aux « koulaks » (paysans considérés comme riches à qui la collectivisation retirait leurs terres) ; (…) C’étaient nos amis et voisins avec qui j’avais grandi. Personne ne s’est approché de nous. Personne ne nous a dit adieu. Ils se tenaient là en silence, comme des soldats en ligne. Ils avaient peur. » Cité dans Orlando Figes. Les chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline. Paris, Denoël, 2009, p. 145. (source internet)
L’ordre « secret » de lancement de l’opération koulak, le 2 juillet 1937, signé par Staline. Considéré comme le début des « opérations de masse » à l’origine de la Grande Terreur de 1937-38. « Il est remarqué qu’une grande partie des ex-koulaks et criminels, exilés dans les régions du Nord et de la Sibérie, et rentrés par la suite, à l’issue de leur peine, chez eux, sont les principaux instigateurs des crimes antisoviétiques aussi bien dans les kolkhozes, les sovkhozes que dans les transports et certaines branches de l’industrie. Le Comité central propose à tous les secrétaires régionaux et républicains du Parti, ainsi qu’à tous les responsables régionaux du NKVD (police politique) de ficher tous les koulaks et criminels retournés chez eux afin que les plus hostiles d’entre eux puissent être immédiatement arrêtés et fusillés à l’issue d’une procédure administrative simplifiée devant une troïka (trois dirigeants politiques), les autres moins actifs, mais néanmoins hostiles, étant exilés dans des régions éloignées du pays sur l’ordre du NKVD. Le Comité central vous invite, dans un délai de cinq jours, à lui proposer la composition des troïkis, le nombre d’éléments à fusiller ainsi que le nombre d’éléments à exiler. Le Secrétaire du Comité central, J. Staline. »
Synthèse finale/ Allemagne nazie et URSS de Staline, des régimes totalitaires : un Etat autoritaire, une idéologie dominante, une population encadrée et une politique violente.
En principe, le régime communiste mis en place en URSS par Staline (1924-1953) est très différent du régime nazi mis en place par Hitler en Allemagne (1933-1945) puisque l’un est basé sur l’égalité de tous tandis que l’autre s’appuie sur la supériorité d’une partie de la population par rapport aux autres. Dans les faits, pourtant, ces deux régimes reposent sur le même principe appelé le « totalitarisme »
En effet, Staline comme Hitler visent à encadrer la population et en particulier la jeunesse. Les deux chefs d’Etats pratiquent donc une propagande presque permanente et se mettent en scène le plus possible. Le culte de la personnalité (ou culte du chef) se retrouve donc tout autant en URSS (Staline se fait surnommer le « petit père des peuple » montrant ainsi une image protectrice) qu’en Allemagne (« Führer » signifie le guide, le chef) et dans les deux cas l’art sous toutes ses formes (cinéma, peinture, poésie, architecture…) va être utilisé pour glorifier le chef de l’Etat et à travers lui le régime qu’il a mis en place. Les artistes vont être très encadrés (le cinéaste Eisenstein en URSS par exemple), certains encouragés et soutenus par l’Etat (en Allemagne, le sculpteur allemand Arno Breker, la cinéaste Léni Riefenstahl ou l’architecte Albert Speer par exemple) et d’autres au contraire interdits (le cinéaste Fritz Lang, l’auteur de Théâtre Berthold Brecht, le romancier Stephan Zweig en Allemagne par exemple), les nazis désignant par exemple l’expressionnisme d’Otto Dix comme un « art dégénéré » ou pratiquant les autodafés (incendies de livres interdits). Cette volonté d’encadrer la culture se retrouve également dans l’éducation : les « jeunesses hitlériennes » en Allemagne tout comme les « jeunesses communistes » en URSS, la pratique de la censure ou même les programmes scolaires ont pour objectif à la fois d’occuper et d’éduquer les enfants et les adolescents mais également de les embrigader dès leur plus jeune âge. Hitler tout comme Staline ont par ailleurs éliminé leurs adversaires et mêmes leurs anciens alliés. Dès son arrivée au pouvoir Hitler élimine les communisteset impose le parti nazi comme parti unique. Durant ses premières années au pouvoir, Hitler change également d’hommes de confiance : les SA (section d’assaut), sa garde personnelle depuis les années 1920 sont massacrés durant la « nuit des longs couteaux » (29-30 juin 1934) et remplacés par les SS (« sections de sécurité »). En URSS, Staline n’a pas besoin d’éliminer de parti adverse car le parti communiste est déjà parti unique à son arrivée. Il élimine cependant les communistes qui pourraient le concurrencer tel Trotsky (exclu du parti en 1927) puis de nombreux dirigeants et chefs militaires lors des Grands procès de Moscou (1936-1938). Tout comme Hitler, Staline n’accepte en effet pas l’opposition et on parle à cette période de « terreur » stalinienne. En Allemagne comme en URSS, ces mesures ne sont possibles que grâce à l’existence d’une police politique (NKVD en URSS, Gestapo en Allemagne) chargée de surveiller la population et d’éliminer les opposants ainsi que par la création de camps de travail forcé situés dans des régions reculées (Goulag en URSS, camp de concentration tel Dachau en Allemagne) où Staline envoie des koulaks ou des ouvriers récalcitrant tandis qu’Hitler élimine les communistes et tous ceux qui pourraient nuire à l’expansion de la race aryenne. Dix-huit millions de personnes auraient ainsi été déportées au goulag sous Staline.
Lexique
Staline au pouvoir 1924-1953/ Hitler au pouvoir 1933-1945
Régime totalitaire : régime politique dans lequel l’Etat contrôle l’ensemble des activités de la population grâce à la propagande, à une police politique, à l’encadrement de la jeunesse et à la mise en place de sanctions lourdes pour les opposants. Ce régime s’accompagne également du culte de la personnalité du chef.
Propagande : action de contrôler les médias (journaux par exemple) pour faire accepter certaines idées par tous. Culte de la personnalité : Situation dans laquelle le chef de l’Etat est glorifié à travers les arts, la presse…Il devient alors aux yeux de la population l’égal de Dieu (d’où le terme culte) et aucune opposition n’est alors possible.Nazisme : nom donné aux idées défendues par Hitler et son parti et formulées notamment dans « Mein Kampf » en 1925. Le parti nazi est aussi nommé parti national-socialiste ou NSDAP.