Et cette page et en particulier la partie 2 sur "les armes et munitions" qui vous permettra de mieux visualiser ce que vous lisez (attention, le sommaire est à gauche de la page). La lecture du texte peut se faire sans ces lectures préalables mais est moins facile et moins instructif du coup. En Italique, les informations que j'ai ajouté moi-même au texte pour améliorer la compréhension des élèves. Les liens dans le texte renvoie au site du musée canadien de la guerre cité juste au-dessus.
Témoignage du sergent du 9è zouaves René Duval le 4 octobre 1915 (offensive en Champagne)
(...) Enfin le jour morne commence à paraître. Nous continuons à avancer (...) les avions survolent la plaine, lesobus boches (projectiles explosifs allemands)tombent de temps en temps à droite et à gauche. Le 75 (la mitrailleuse), rageur, hurle par rafales. Tout à coup une âcre (irritante) odeur nous prend à la gorge, les yeux pleurent. Ce sont les gaz asphyxiants, vite on met le casque et les lunettes. Un quart d'heure d'angoisse. Les masques nous auront-ils protégés ? Enfin ça y est, les gaz sont passés... (...) Nous rentrons dans la tranchée de première ligne française. Dans la tranchée, sur le parapet, dans les trous des fantassins(combattants à pied) gisent, le crâne ouvert, la poitrine trouée. Les hussards (cavaliers donc combattants à cheval) ont chargés, et dans le coin d'une tranchée un cheval est venu expirer (...) Nous sortons de la tranchée (...) Nous sommes vu et les obus éclatent sur nous. Un mitrailleur et un téléphoniste (soldat chargé de transmettre les informations) sont réduits en bouillie. On voit dans la plaine les cadavres bleu ciel des petits hussards si mignons qu'on dirait des poupées (...) Plus loin, nos brancardiers (soldats chargés de secourir les blessés) installent un poste de secours, car les blessés arrivent nombreux (...) Nous rentrons dans les tranchées boches (allemandes). Sur les fils de fers des cadavres de hussards et de chevaux (...) on marche sur les cadavres boches. A droite et à gauche: des abris où des boches ont été tués à coups de grenades et de couteau. (...) Tout d'un coup, rrran...an...Je suis jeté à terre, bousculé, couvert de terre. Un obus vient d'éclater sur le parapet au-dessus de moi. Je crois d'abord être mort, puis je me tâte et me crois indemne. Mais je sens le sang chaud qui coule sur ma face. Je lève mon casque ; j'ai un trou à la tête, à côté de moi un Zouave a été tué et six blessés.(...) Les mitrailleurs à côté de nous perdent vingt-cinq hommes sur trente. Un brancardier a la boîte crânienne enlevée (…) Je suis épuisé, je m'endors de fatigue dans mon trou. Quand je me réveille le jour est là. Impossible de lever la tête ou les jambes car les boches nous guettent. On est accroupi, plié en six et on souffre atrocement de la faim et de la soif. Vers midi, Delamare lève un peu la tête-tac-il reçoit une balle dans la tête.(...) Nous avons passé encore six jours de souffrances dans la petite tranchée sous un feu effroyable, perdant du monde en masse. C'est là que j'ai été nommé sergent. (...) Je suis sergent et cité à l'ordre du jour. Je vais avoir la croix de guerre, aussi vous pensez si je suis heureux. (Pour information, René Duval est mort le lendemain de l'écriture de cette lettre) Extrait de "Paroles de poilus lettres et carnets du front 1914-1918", Librio, 1998, p 158-162
Otto Dix,"Attaque au gaz", 1924. Cliquez sur l'image pour voir d'autres œuvres de cet artiste.
Vers le lycée
Comment les civils et plus particulièrement les femmes et les entreprises s’impliquent-ils dans la guerre dès 1914?
"Appel aux Femmes Françaises" lancé par le gouvernement de René Viviani le 6 août 1914 afin de mobiliser les femmes des campagnes pour assurer les moissons et les vendanges.
Extrait d'un article paru dans le Figaro du 7 août 1914 à propos de l'appel aux femmes françaises du président du conseil René Viviani.
Pour la moisson Appel aux femmes françaises Malgré l'intérêt primordial de la défense nationale contre l'agression allemande, il est une question dont on doit se préoccuper. La guerre éclate juste au moment où l'on allait faire la récolte du blé. Il ne faut pas laisser perdre cette récolte qui représente quelque chose comme huit milliards! Le président du Conseil vient d'adresser, à cet effet, l'appel suivant aux femmes françaises:
«Aux Femmes françaises, La guerre a été déchaînée par l'Allemagne, malgré les efforts de la France, de la Russie, de l'Angleterre pour maintenir la paix. A l'appel de la Patrie, vos pères, vos fils, vos maris se sont levés et demain ils auront relevé le défi. Le départ pour l'armée de tous ceux qui peuvent porter les armes, laisse les travaux des champs interrompus: la moisson est inachevée le temps des vendanges est proche. Au nom du gouvernement de la République, au nom de la nation tout entière groupée derrière lui, je fais appel à votre vaillance, à celle des enfants que leur âge seul, et non leur courage, dérobe au combat. Je vous demande de maintenir l'activité des campagnes, de terminer les récoltes de l'année, de préparer celles de l'année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la patrie un plus grand service. Ce n'est pas pour vous, c'est pour elle que je m'adresse à votre cœur. Il faut sauvegarder votre subsistance, l'approvisionnement des populations urbaines et surtout l'approvisionnement de ceux qui défendent la frontière, avec l'indépendance du pays, la civilisation et le droit. Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés! Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout! à l'action! à l'œuvre! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde. Vive la République Vive la France»
Pour le Gouvernement de la République: Le président du Conseil des ministres, René Viviani. source
Extraits vidéo sur le rôle des femmes durant la guerre
31 mai 1917- Fort d’Aubervilliers, Seine saint denis. Des ouvrières peignent des obus de 75 mm dans un atelier de la fabrique. Source: ministère des armées
Affiche de propagande mettant en évidence le travail des femmes dans les champs, Archives du Pas de Calais
Char d'assaut Renault FT 1916, Musée de l'armée, photo Jean-Pol Grandmont
Un taxi de la Marne, fabriqué par Renault, photo prise au musée de l'armée
Pour la culture générale
La propagande comme seule communication officielle entre le front et l'arrière
Extraits de journaux français (1914-1915)
« Les Allemands tirent fort mal et fort bas ; quant aux obus, ils n'éclatent pas dans la proportion de 80 %. » Journal, 19 août 1914
« Nos troupes, d'ailleurs, maintenant, se rient de la mitrailleuse (...) On n'y fait plus attention » Le Petit Parisien,
« A part cinq minutes par mois, le danger est très minime, même dans les situations critiques. Je ne sais comment je me passerai de cette vie quand la guerre sera finie. Les blessures ou la mort... c'est l'exception » Petit Parisien, "Lettre de soldat", 22 mai 1915
Affiche de propagande (1915-1917)
Affiche pour le premier emprunt de défense nationale, novembre 1915
Dessin réalisée pour un concours entre école communale parisienne, 1916
Affiche pour le troisième emprunt de la défense nationale, 1917
Zouaves: à partir de 1830 et jusqu'en 1962, soldats français de l'infanterie légère appartenant à l'armée d'Afrique. Leur recrutement diffère de celui des tirailleurs car les zouaves sont d'origine européennes et les tirailleurs indigènes.
Front: lieu d’affrontement, d’opposition entre deux armées adverses.
A partir d'août 1914, les pays en guerre mobilisent de nombreux soldats venus du monde entier et notamment des colonies, pour se battre sur les champs de bataille européens.
A partir de 1915, durant des batailles qui durent de nombreux mois, les soldats se font face dans des tranchées. Dans ces tranchées et surtout lorsqu'ils se lancent à l'assaut dans le "no man's land", ils font face à de nouvelles armes particulièrement meurtrières (gaz, obus, mitrailleuses, avions, char d'assaut entre autres).
Les conditions de vie particulièrement difficiles sur le front telles que les blessures, les maladies, la fatigue, le manque d'hygiène, de soins, la peur permanente et le courage qu’il faut pour surmonter tout cela font surnommer les soldats français les "poilus”.
Les civils contribuent à l'effort de guerre
Dans tous les pays en guerre, les femmes remplacent les hommes partis à la guerre dans les champs et les usines, menant à bien les récoltes, fabriquant des munitions ("munitionnettes") ou prenant la place des hommes dans tous les métiers du quotidien.
Les civils souffrent du manque de nourriture et de nombreuses privations, surtout dans les zones proches des combats comme dans le nord de la France.
Enfin, les familles sont également mis à contribution financièrement à travers des emprunts visant à financer la guerre.
L'Etat se consacre entièrement à la guerre
Dans son ensemble, l'économie française est entièrement consacrée à la guerre et notamment à la fabrication des armes (les usines Renault par exemple fabriquent beaucoup plus d'obus que de voitures entre 1914 et 1918) .
En France, les hommes politiques forment par ailleurs l"Union sacrée" dirigée par Georges Clémenceau où les différences politiques sont oubliées provisoirement et la politique est entièrement vouée à la victoire.
Par ailleurs, pour éviter le découragement, les états pratiquent la propagande. Les civils sont très mal informés de ce qui se passe réellement sur le front. Les lettres des poilus sont bien souvent censurées, les enfants à l'école reçoivent des cours et font des exercices orientés vers l'encouragement des soldats et les journaux mentent volontairement.