Philippe Auguste et l'affirmation par les armes
Depuis que Guillaume le Conquérant puis les Plantagenêts sont au pouvoir en Angleterre (fin XIè-XIIè siècle), le roi d'Angleterre dispose de nombreux territoires dans l'ouest de la France et est officiellement le vassal du roi de France. Néanmoins, il ne respecte pas les règles de la féodalité de l'aide et de la fidélité montrant ainsi les faiblesses de l'autorité du roi de France. Philippe Auguste entre donc en conflit avec Richard Coeur de Lion puis son frère Jean sans terre, ainsi qu'avec leurs principaux alliés l'empereur du Saint Empire romain germanique et le comte de Flandres.
Pour la première fois, chevaliers et milices communales combattent ensemble sous la même bannière « Pendant ce temps arrivèrent avec la bannière de Saint Denis les légions des communes qui s’étaient avancées presque jusqu’aux maisons. Elles accoururent le plus promptement possible vers l’armée du roi où elles voyaient la bannière royale qui se distinguait par les fleurs de lys (…). Les communes étaient donc arrivées, principalement celles de Corbeil, d’Amiens, de Compiègne, de Beauvais et d’Arras. Elles pénétrèrent dans les bataillons des chevaliers et se placèrent devant le roi lui-même. »
Source : Guillaume Le Breton [chapelain du roi de France, présent lors de la bataille], La Philippide [Vie de Philippe Auguste], XIIIe siècle. |
« Le Roi de France, joyeux d’une victoire si inespérée, rendit grâces à Dieu, qui lui avait accordé de remporter sur ses adversaires un si grand triomphe. Il emmena avec lui, chargés de chaînes et destinés à être enfermés dans de bonnes prisons, les trois comtes (…), ainsi qu’une foule nombreuse de chevaliers (…). A l’arrivée du roi, toute la ville de Paris fut illuminée de flambeaux et de lanternes, retentit de chants, d’applaudissements, de fanfares et de louanges, le jour et la nuit qui suivit. »
Source : Roger de Wendower, Chronique, vers 1220. |
« Les paysans interrompaient leurs travaux et se précipitaient en foule vers les chemins pour voir ce Ferrand, comte de Flandre, qui s’était soulevé contre son maître. A Paris, les bourgeois et le peuple allèrent à la rencontre du roi et l’on y fit la fête sept jours et sept nuits. »
Source : Guillaume Le Breton, La Philippide, XIIIe siècle.
Source : Guillaume Le Breton, La Philippide, XIIIe siècle.
De Philippe II Auguste à Philippe IV le Bel, la création des instruments du pouvoir royal: administration, justice et monnaie
L'ordonnance de 1190 (Philippe II Auguste)Philippe Auguste publie cette ordonnance (texte royal) juste avant de partir en croisade. Il y explique comment le domaine royal peut fonctionner en l'absence du roi et décrit tous les outils mis en place pour cela. C'est donc une source importante concernant le fonctionnement du domaine royal aux XIIè-XIIIè siècle.
1) Le roi commence par expliquer pourquoi il écrit ce texte, c'est à dire son départ pour la croisade suite à la prise de Jérusalem par Saladin (1187). « Puisque donc nous embrassons le vœu d’un pèlerinage en Terre Sainte, nous avons décidé d’ordonner de quelle manière en notre absence doivent être traitées les affaires de notre royaume. 2) Ensuite, il explique le rôle des baillis, chargés de le représenter dans tous le domaine royal en sa présence mais aussi en son absence. Ils ont pour rôle de rendre la justice. Donc en premier lieu nous prescrivons que (...) nos baillis (...) fixent tous les mois un jour que l’on appelle Assise. Ce jour-là, tous ceux qui porteront plainte recevront immédiatement droit et justice. 3) Ensuite, il limite le pouvoir des baillis en insistant sur le rôle de commandement du roi Pour nos baillis, la reine et l’archevêque (mère et oncle du roi qui dirigent le domaine royal en l'absence du roi) ne pourront leur ôter leur baillie (territoire sur lequel ils ont autorité), sinon pour meurtre pour rapt pour homicide ou pour traîtrise, les baillis ne pourront destituer les prévôts sinon pour un de ces crimes. Nous interdisons à nos prévôts et à nos baillis, d’arrêter toute personne ou de confisquer son avoir, chaque fois qu’elle voudra s’engager par des garants solides à se présenter à la justice de notre cour, sauf pour meurtre pour homicide pour rapt ou pour traîtrise. Recueil des Actes de Philippe Auguste, 1, Paris, 1916, p. 417 ; éd. Ch. De La Roncière, P. Contamine, R. Delort, M. Rouche (dir.), L’Europe au Moyen Âge, 2, p. 34-35. Pour les curieux, en suivant ce lien, vous pouvez lire le texte original de l'ordonnance sur la monnaie de Louis IX (1263) imposant l'écu comme monnaie unique du domaine royal et interdisant la contrefaçon.
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Grande ordonnance de 1254 (Saint Louis)
« Nous Louis, par la grâce de Dieu roi de France, établissons que tous nos baillis, vicomtes, prévôts, maires et tous autres,fassent serment que tant qu’ils seront en office ou en fonction de baillis, ils feront droit à chacun, sans exception de personne, aussi bien aux pauvres qu’aux riches et à l’étranger qu’à l’homme du pays ; et ils garderont les us et coutumes qui sont bons et éprouvés. Et s’il advint que les baillis, ou les vicomtes ou autres, comme sergents ou forestiers, fassent rien contre leurs serments, et qu’ils en soient convaincus, nous voulons qu’ils en soient punis en leurs biens et en leurs personnes.
Texte cité par Joinville, Histoire de Saint Louis, éd. N. De Wailly, p. 383-389 ; trad. M. Pacaut, Les structures politiques de l’Occident médiéval, Paris, 1969, p. 229-230. |
A retenir
L’affirmation du pouvoir royal: Philippe Auguste, Saint-Louis et Philippe le Bel imposent leur pouvoir
Peu à peu, la dynastie capétienne devient héréditaire c’est à dire que les rois se succèdent de père en fils.
Philippe II Auguste (roi de 1180 à 1223) grâce notamment à la victoire de Bouvines (1214) étend le domaine royal au nord et à l’ouest (Normandie et Artois par exemple). Il prend Paris pour capitale et crée les baillis.
Saint Louis (1226 – 1270) organise ensuite le fonctionnement de l’Etat autour de ces baillis et de conseils spécialisés qui l’aident à gouverner et lui permettent d’avoir des relais dans tout le domaine royal. La monnaie royale, désormais en cours dans toute la France lui facilite aussi la levée d’un impôt royal irrégulier.
Enfin, Philippe IV le bel (1285 –1314) impose son autorité en entrant en conflit avec le pape Boniface VIII et en le faisant arrêter (attentat d’Anagni 1303). Face aux difficultés économiques, il est aussi le premier roi à convoquer le clergé, la noblesse et le tiers-état pour que les français donnent davantage d’argent pour le fonctionnement du royaume (Etats généraux 1314).
Pour réviser: des cartes de jeu avec les principaux rois et ce qu'ils ont apporté au pouvoir royal.
Philippe II Auguste (roi de 1180 à 1223) grâce notamment à la victoire de Bouvines (1214) étend le domaine royal au nord et à l’ouest (Normandie et Artois par exemple). Il prend Paris pour capitale et crée les baillis.
Saint Louis (1226 – 1270) organise ensuite le fonctionnement de l’Etat autour de ces baillis et de conseils spécialisés qui l’aident à gouverner et lui permettent d’avoir des relais dans tout le domaine royal. La monnaie royale, désormais en cours dans toute la France lui facilite aussi la levée d’un impôt royal irrégulier.
Enfin, Philippe IV le bel (1285 –1314) impose son autorité en entrant en conflit avec le pape Boniface VIII et en le faisant arrêter (attentat d’Anagni 1303). Face aux difficultés économiques, il est aussi le premier roi à convoquer le clergé, la noblesse et le tiers-état pour que les français donnent davantage d’argent pour le fonctionnement du royaume (Etats généraux 1314).
Pour réviser: des cartes de jeu avec les principaux rois et ce qu'ils ont apporté au pouvoir royal.