L'auteur de ce témoignage est Olaudah Equiano. Il est supposé être du Nigeria, né en 1745 et avoir juste onze ans quand il est capturé par des membres d'une tribu rivale en 1756. Il est détenu en Afrique de l’ouest pendant sept mois et puis est vendu à des négriers britanniques, qui le transportèrent à La Barbade puis en Virginie. Une autre version raconte qu'il n'est pas africain mais serait né à Charleston en Amérique, se contentant d'écrire son texte en s'inspirant de ce que lui ont raconté des esclaves.
Partie 1: en Afrique
"Un jour, quand tout le monde s’en fut allé au travail comme d’habitude et seulement quand ma chère sœur et moi-même étions occupés à la maison, deux hommes et une femme entrèrent dans nos murs et se saisirent de nous deux et sans nous laisser le temps de pousser un cri ou de résister, ils nous empêchèrent d’ouvrir la bouche et partirent en courant nous entraînant avec eux dans le bois le plus proche. Là, ils attachèrent nos mains et nous emmenèrent aussi loin qu’ils purent jusqu’à la tombée de la nuit et nous parvîmes à une petite maison où les kidnappeurs se restaurèrent et passèrent la nuit.
Partie 2: sur le bateau
« On me jeta bientôt dans l'entrepont et là mes narines furent saluées comme jamais auparavant dans ma vie : la puanteur était si épouvantable, et il y avait tant de cris, que la nausée et l'abattement m'empêchèrent de manger quoi que ce fût (...). A cause du manque d'aération et de la chaleur ambiante qui venaient s'ajouter au surpeuplement du bateau et à l'entassement des passagers, lesquels pouvaient à peine se retourner, nous faillîmes étouffer. On se mit à transpirer abondamment, ce qui ne tarda pas à rendre l'air irrespirable (...) et répandit parmi les esclaves une maladie dont beaucoup moururent. (...) Les hurlements des femmes et les gémissements des mourants faisaient de tout cela un spectacle d'horreur à peine concevable.»
Partie 3: aux Antilles
Plusieurs marchands et des planteurs montèrent à bord... Ils nous poussèrent en plusieurs groupes et nous examinèrent attentivement. (...) Les Blancs firent venir d'anciens esclaves de terre pour nous rassurer. Ils nous dirent que nous ne serions pas mangés, mais que nous étions ici pour travailler, que nous irions bientôt à terre et que nous pourrions voir d'autres gens de notre pays. Ces nouvelles nous soulagèrent beaucoup et suffisamment pour nous débarquer aussitôt. Des Africains de toutes langues vinrent vers nous.(...) A un signal donné, (un coup de tambour), les acheteurs accouraient d'un seul coup dans la cour où les esclaves étaient confinés et ils faisaient un choix sur le groupe qu'ils préféraient. (…) Je me rappelle que sur le bateau avec lequel j'ai été transporté... il y avait plusieurs frères qui, à la vente, ont été vendus dans des lots différents et c'était très émouvant de voir et d'entendre leurs pleurs à leurs départ. »
extrait puis adapté de "The interesting narrative of the life of Olaudah Equiano or Gustavius Vassa the African" London, 1789.
La traite négrière (ou traite Atlantique) en Afrique
Dans le cadre du commerce triangulaire, l’esclavage des populations africaines, qui existait déjà au Moyen-âge, prend une ampleur considérable, en particulier sur la côte ouest de l'Afrique.
Les africains, souvent capturés par d’autres africains, sont vendus aux européens contre des produits européens de peu de valeur (pacotilles).
Ils sont ensuite expédiés sur le continent américain par bateau dans des conditions de transport telles que la mortalité y est très élevée.