Une rue commerçante au XIVè siècle Cliquez sur l'image pour avoir sa légende
The Shambles, rue de la ville d'York en Angleterre, où les façades des commerces du XIVè siècle ont été conservées
Photo prise en 2018, Peter K Burian, CC BY-SA 4.0
Les marchands longtemps itinérants ont besoin de rendez-vous réguliers pour traiter d’affaires en gros volumes. Ce sont les foires qui répondent à cette demande. Elles se multiplient dans les régions animées par le grand commerce international : la Flandre (Lille), l’Île-de-France (Saint-Denis), la Champagne (foires de Troyes, Provins, Lagny et Bar-sur-Aube). Ces dernières dominent le commerce européen aux XIIe et XIIIe siècles. Leur extraordinaire développement est dû au dynamisme des comtes de Champagne qui ont tout fait pour canaliser dans leur comté ces flux de marchands. Ils ont amélioré le réseau routier (en construisant de nombreux ponts et en entretenant les routes) et fixé des lieux de foires, dont le calendrier couvre presque toute l’année. Les quatre principales villes (Lagny, Troyes, Provins et Bar-sur-Aube) deviennent des lieux de rencontres commerciales recherchés. Les comtes profitent de cette prospérité en prélevant des taxes sur le passage des marchandises ; en échange, ils accordent leur protection aux marchands (“le conduit des foires” reconnu également par le roi de France) et assurent une organisation exemplaire des transactions. Le maître des foires s’appuie sur une chancellerie chargée de rédiger les contrats de vente marqués du sceau des foires (à partir de 1247) et sur des sergents qui veillent à la régularité des accords. Deux tribunaux, l’un comtal et l’autre relevant du maître des foires, traitent les litiges commerciaux, nombreux dans un monde où la monnaie, les poids et les mesures varient d’une région à l’autre. Les marchands étrangers venus de toute l’Europe sont logés par “nations” dans des pâtés de maisons séparés. Les Anglais vendent de la laine, les Flamands des draps et des toiles, les Italiens des soieries, des épices, de l’alun et des produits de luxe (venus d’Orient). Les marchands du Midi offrent des cuirs et les Allemands des fourrures et des cuirs. Les techniques commerciales les plus élaborées (sous l’influence des Italiens) facilitent les échanges (lettres de change et diverses formes de crédit).
A retenir: la naissance d'une ville, une conséquence économique
La naissance des villes: une conséquence économique
Avec les progrès de l’agriculture et l’augmentation de la population le commerce se développe fortement au moyen-âge en Europe. Deux espaces maritimes dominent: au nord, les ports de la mer du Nord et de la Baltique (Hambourg, Gand, Lübeck) échangent surtout des produits européens comme les draps, le vin ou le blé, tandis qu’au sud, les échanges au sein du bassin méditerranéen relient l’Europe aux continents africains et asiatiques. Ainsi, les ports de Gênes ou de Venise par exemple participent aux commerces des esclaves et de l’or venus d’Afrique ainsi qu’à celui des épices ou de la soie venues d’Asie. Le commerce terrestre est quant à lui dominé par les foires, les plus importantes étant les foires de Champagne (Lagny, Provins, Troyes et Bar-sur-Aube). Tout cela permet donc aux produits européens et exotiques de circuler de plus en plus sur l’espace européen et entraîne également la naissance et l'expansion de grandes villes à proximité des principaux axes de circulation maritimes, fluviaux et terrestres.