Bernard entre en 1112 au monastère de Cîteaux, près de Dijon, fondé en 1098. Il a persuadé trente de ses parents et amis à se faire moines avec lui. La vie est rude et austère à Cîteaux, et Bernard s'y donne généreusement aux veilles, aux travaux, aux mortifications, mais aussi à la méditation de l'Écriture, à l'étude des Pères de l'Église et de la règle de saint Benoît. En 1115, il est mis à la tête d'un groupe de douze moines et va fonder l'abbaye de Clairvaux, en Champagne. Bernard attire à Clairvaux une multitude de moines, qu'il recrute dans toutes les classes de la société : clercs, chevaliers, étudiants et manants. D'un voyage en Flandre, en 1131, Bernard ramène encore une trentaine de jeunes gens, dont, parmi eux, Robert de Bruges, qui lui succédera comme abbé de Clairvaux. Prêchant en 1146 la croisade en Flandre et sur les bords du Rhin, s'il recrute des croisés, il fait aussi des captures pour le noviciat de Clairvaux (plus de soixante). « Tu veux aller à Jérusalem, dira-t-il, viens à Clairvaux, tu y seras plus vite. » Les mères, disait-on, cachaient leurs fils lors de son passage. Plus prodigieux encore est l'expansion de la filiation de Clairvaux sous son abattiat. En trente-cinq ans, il fonde 69 abbayes, qui essaiment à leur tour, de sorte que, sur les 345 monastères cisterciens existant à la mort de saint Bernard, 167 relèvent de Clairvaux, répartis en douze pays. Une fondation signifiait chaque fois le départ de douze moines avec, à leur tête, un abbé. L'abbé père avait à visiter ses abbayes filles. Quoi d'étonnant si Bernard fut un mois sur trois absent de son abbaye ! Son influence spirituelle, celle de ses écrits, s'étendaient à tous ces moines. Il y en avait jusqu'à cinq cents dans certains monastères. Plusieurs accédèrent à des charges importantes dans l'Église : un pape, cinq cardinaux, onze évêques. Une dizaine ont laissé un nom dans l'histoire littéraire.
Article Saint Bernard de Clairvaux, Larousse |
"Je dois vous reprocher un abus à mes yeux plus grave, quoique devenu si fréquent qu'on n'y prête plus attention : vous donnez à vos églises des proportions gigantesques, les décorez avec somptuosité, les faites revêtir de peintures qui détournent irrésistiblement sur elles l'attention des fidèles (...). J'admets que vous le faites pour la gloire de Dieu. Mais dites-moi, vous qui pratiquez la pauvreté de l'esprit, que vient faire tant d'or dans un sanctuaire ? (...) Mais surtout, quel rapport avec votre vie de pauvres, de moines, de spirituels ?
extrait de Bernard de Clairvaux, "Lettre à l'abbé de Saint-Thierry", 1125. Aucun de nos monastères ne doit être construit dans les cités, les châteaux, les villes, mais dans des lieux à l'écart de la fréquentation des hommes. […] Il est établi en premier lieu que la Règle de saint Benoît sera connue de tous de la même façon et observée de la même façon.
Un vêtement simple et de matière fruste, tel enfin que le décrit la règle. La nourriture des moines de notre Ordre doit provenir du travail manuel, de la culture des terres, de l'élevage du bétail ; il nous est donc permis de posséder à notre usage propre des eaux, des forêts, des vignes, des prés, des terres éloignées de l'habitation des hommes du siècle, et des animaux. Pour pratiquer ces travaux des champs et cet élevage et en conserver les fruits, nous pouvons avoir des granges. Extraits des statuts de l'ordre cisterciens, 1134 |
ci-dessus: Saint Bernard présidant le chapitre de Clairvaux
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ci-dessus: la journée d'un moine cistercien
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